L’histoire

LES GRANDES HEURES D’ENSION- SAINT-JOUIN

Le destin de l’abbatiale a été, de tous temps, marqué par les grands évènements dramatiques qui ont jalonné l’histoire de France depuis le moyen âge jusqu’à la Révolution.

L’histoire de ce monument commence au IVeme siècle, bien avant sa construction, avec l’installation sur les lieux d’un ermite, appelé Jovinus, qui donnera son nom au site. Manifestant le désir de se soustraire du monde, il vient se réfugier au milieu des marais de la Dive, sur un site appelé Ension. Là il fonde un petit oratoire, autour duquel se forme très vite une communauté d’hommes partageant la même vocation contemplative. Au fil des des siècles, cette communauté s’agrandissant et se structurant autour des reliques de saint Jouin, le besoin d’édifier des bâtiments se fait sentir. Plusieurs églises sont successivement bâties sur le site.

C‘est ainsi qu’au cours de la deuxième moitié du XI ème siècle est lancé un projet très ambitieux, celui de bâtir un nouvel édifice aux dimensions exceptionnelles, qui neuf siècles plus tard témoigne encore de la puissance de la foi de ses bâtisseurs. Il va traverser des siècles d’invasions, de guerres, de troubles naturels et civils, pour parvenir jusqu’à nous, dressant au milieu du petit bourg, sa majestueuse silhouette.

 Nous ne savons pratiquement rien sur Jovinus. Contrairement à d’autres saints de la même époque, sa vita n’a pas été dressée par un témoin contemporain. Il serait originaire de Mouterre Silly, dans le Loudunais, issu d’une famille aisée, peut être sénatoriale. Son frère, lui, serait plus connu puisqu’il s’agirait de saint Maximin, qui fut le premier évêque de Trèves. On estime que c’est vers 342 qu’il aurait fondé son petit oratoire sur le site d’Ension. A cette époque l’environnement était plutôt hostile à l’homme. Toutefois cet espace était traversé par une voie romaine allant de Poitiers à Angers, plus connue sous le nom de chemin de Saint-Hilaire. Ainsi, si le milieu environnant était propre au recueillement de la communauté, l’existence d’une voie de communication dut fortement contribuer au développement de l’idéal de vie monastique. Ension peut, à juste titre, être considéré comme un des premiers centres de diffusion du christianisme dans notre région.

Les contreforts coté sud

Les contreforts coté sud

      En 507, Clovis soumet les Wisigoths qui sévissaient dans la région et rétablit la paix.
C’est au cours du septième siècle que l’évêque de Nantes, Félix, confie à Martin de Vertou la mission d’évangéliser le sud de son diocèse et même au delà vers le bas Poitou. Sa mission l’amène jusqu’à Ension, où la vie communautaire était plus ou moins réglée. Il réussit à imposer la célèbre règle de saint Benoît comme modèle de vie aux hommes de la communauté. Dans le deuxième quart du IX ème les Vikings débarquent sur nos côtes, obligeant maints monastères à fuir devant eux. Les moines de Saint-Martin-de-Vertou abandonnent leur monastère en emportant les reliques de leur saint fondateur. En 843, avec l’aide de Louis le Pieux, ils se réfugient à Ension. Ils donnent véritablement une nouvelle impulsion au monastère en y réaffirmant la règle de saint Benoît qui était tombée en désuétude. Grâce à leur réseau de paroisses fondées par Martin de Vertou, l’abbaye d’Ension étend son autorité spirituelle sur tout le bas Poitou. L’arrivée des moines de Vertou fut bel et bien le début de l’apogée de l’histoire de l’abbaye de Saint-Jouin-de-Marnes.

L’église primitive, dédiée à saint Jean l’évangéliste, est élevée sur l’emplacement actuel en 878.

La construction de l’église abbatiale actuelle a lieu entre 1095 et 1130, par le moine Raoul.


Les fortifications érigées pendant la guerre de cent ans

Les fortifications érigées pendant la guerre de cent ans

De 1337 à 1453 la Guerre de cent ans va ramener une période difficile. En 1356 la région tombe aux mains des Anglais.

 De dévastations sont perpétrées, principalement entre 1369 et 1374. En 1372 les Anglais amputent la tourelle sud de l’église de son clocheton.

Des fortifications viennent renforcer les défenses de l’abbatiale.

La région est reprise par le Connétable Du-Guesclin. De nouveaux renforcements des fortifications sont réalisés en 1422. 

la seule partie existante du cloître

la seule partie existante du cloître

En 1447 a lieu la restauration des bâtiments conventuels éprouvés par les calamités, en 1467 sont créés à Saint-Jouin des foires et un marché

chaque samedi.

Le cloître est construit en 1476.

Les guerres de religion ramènent les désordres: pillages et mutilations des oeuvres d’art en 1562; bataille de Moncontour et nouveaux pillages en 1569

h5vueEn 1655, le monastère de Saint-Jouin adopte la réforme de saint Maur. Une période florissante s’ouvre pour l’abbaye, jusqu’au début du XVIIIeme siècle, où s’amorce un déclin de la vie monastique. En 1755 l’ancien couvent est détruit et on en construit un nouveau. En 1775 le monastère de Saint-Jouin perd son autonomie et passe sous la dépendance du chapître d’Amboise.

La révolution en 1789 met fin à la vie monastique. L’abbaye est vendue comme bien national, mais l’église est préservée et rendue au culte en 1795.

Aujourd’hui, de cette puissante abbaye qui eut un rayonnement spirituel et économique important dans la région (il y eut jusqu’à 127 paroisses qui en dépendaient), il ne subsiste essentiellement que l’église (abbatiale), remarquablement conservée, une partie du cloître et d’anciennes dépendances le long de la « rue des greniers » ainsi que le bâtiment du couvent qui appartiennent à des particuliers (parties en bleu sur le plan).

Et maintenant, commençons la visite